dimanche 5 mai 2013

Des vacances outre-Rhin

C'est un endroit qui ressemble à ces paysages dont on rêve et dont on aimerait qu'ils existent pour toujours. On y respire le parfum du sous-bois et du champignon frais. Le matin, la brume cerne d'une frange vaporeuse le haut des montagnes puis le paysage se met à vivre, fourmillant d'hirondelles, d'abeilles et de vent dans les arbres. Les cerisiers  sont blancs au printemps et disséminent dans l'air de douces effluves de sucre et de miel. Les fermes sont belles, cossues et paisibles au milieu des prairies. 
C'est dans cet endroit que Maman Griotte a passé ses vacances. Un endroit qui me fait rêver depuis de nombreuses années. Il y a eu Peter et Heidi et la couverture du livre que je lisais petite et qui me faisait rêver de cimes enneigées, d'alpages et d'odeurs lourdes du foin qui sèche au soleil.
Il y a eu des études d'allemand qui m'ont permis de comprendre la culture germanique et de me passionner pour elle : de  Brecht à Nolde, de Grass à Zweig, de Böll à Handke et de Hannah Schygulla à Pina Bausch.
Il y a eu quelques amours de vacances qui m'ont fait goûter à l'art de vivre d'outre-Rhin, à cette impalpable Gemütlichkeit qui n'a pas d'équivalent dans notre langue mais qui évoque un mélange de chaleur joyeuse, d'appartenance à une même communauté dans une atmosphère cosy et sereine.

La vie à la ferme, avec vue sur une vallée idyllique, verte de prairies grasses et  blanche de fruitiers en fleurs a été une merveilleuse parenthèse. J'ai marché sur les chemins pendant que les garçons faisaient la sieste sous la garde efficace des ronflements de leur papa. J'ai rempli mon corps de ces odeurs de terre, de forêt et d'étable, du murmure de la fontaine et de la brise qui faisait frissonner le saule. J'ai écouté le bruit des bêtes et je me suis repue de toute cette vie simple et pleine de vérité, cette vie sans fard qui courbature le corps et qui fait dormir d'un sommeil salvateur, cette vie faite de liberté, de grand air et de rituels au fil des saisons.

Le départ a été lourd comme un chagrin. C'est ainsi depuis que je suis toute petite. Partir me tue. C'est comme un rêve qui s'achève et je n'ai jamais assez mûri pour guérir de ces larmes de départ. 
Mais on y retournera, Mister Perfect nous l'a promis..


1 commentaire:

  1. Tu me donnes envie de partir en Allemagne... Il faudra que tu nous dises quel est ton coin de rêve là-bas. ;) Ces vacances ont dû te faire un bien fou... je comprends ce sentiment nostalgique, heureusement que tu as la promesse de revenir...

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